Personne susceptible : mieux comprendre pour mieux communiquer
Nous avons tous dans notre entourage une personne susceptible. Elle est donc dans l’excès. N’oublions pas que nous aussi, nous pouvons être cette personne. Il devient vite difficile de savoir comment réagir lorsque cette personne s’est vexée. Elle peut soit se murer dans le silence, soit au contraire devenir très agressive.
C’est comme marcher sur des œufs. Nous avons tendance à être trop vigilants et à avoir de grave difficulté à dire ce que nous pensons.
Selon le CNRTL, la susceptibilité est la « disposition d’une personne, d’une collectivité à se sentir blessée, irritée par certains actes, propos ». C’est le « caractère d’une personne dont l’amour-propre est trop vif ».
Alors, comment réagir et communiquer face à une personne susceptible ? Dans un premier temps, nous irons plus loin pour mieux comprendre ce mécanisme. Ensuite, nous verrons 7 leviers pour mieux communiquer.
Comment définir la susceptibilité ?
La susceptibilité est relativement simple à définir et appréhender. Ses causes profondes, quant à elles, sont plus complexes à mettre en évidence.
Les caractéristiques d’une personne susceptible
Être susceptible consiste à ne pas accepter les remarques de l’autre que celles-ci soient constructives et fondées ou non.
Dans de telles circonstances et dans le cas où les remarques sont légitimes, les personnes susceptibles ne pourront que difficilement se remettre en question.
- Les personnes susceptibles ont en réalité deux réactions. Soit elles se justifient face aux remarques qui leur sont adressées, soit elles ont une réponse agressive.
- Les premières ont en réalité une peur inconsciente de décevoir l’autre et les secondes ne supportent tout simplement pas les critiques qu’elles réfutent catégoriquement.
Dans tous les cas, de tels individus manquent de recul et sont incapables de faire preuve d’autodérision.
Les origines profondes
La susceptibilité trouve ses origines dans le manque de confiance en soi, l’hypersensibilité ou le fait d’être à fleur de peau et/ou chez les individus aux traits narcissiques.
Une faible estime de soi
Une personne avec une faible estime de soi se parle négativement. En effet, elle ne considère pas ses actions ou son attitude de la meilleure des manières.
Le manque d’estime de soi peut pousser à une hypersusceptibilité parce que la personne se dévalorise déjà au quotidien. Elle adopte par ailleurs une stratégie de défense implacable qui conduit à la caractériser de « susceptible ».
L’hypersensibilité ou être à fleur de peau
L’hypersensibilité est parfois la cause de la susceptibilité et à l’origine du risque de développer de mauvais rapports avec les autres. Ce trait de caractère peut s’avérer complexe à gérer et particulièrement toxique pour les interlocuteurs des personnes susceptibles.
Les individus narcissiques
Bien que toutes les personnes susceptibles ne soient pas nécessairement narcissiques, certaines d’entre elles pourraient présenter de tels traits de personnalité. Au-delà du manque de confiance, le fait de se vexer facilement peut être corrélé à un manque de validation narcissique.
À noter que les personnes perverses narcissiques souffrent d’un vide narcissique abyssal, raison pour laquelle elles souhaitent le combler en vain, et que les remarques normales peuvent être assimilées à des attaques personnelles.
Comment communiquer avec un collaborateur susceptible ?
Les managers ont parfois l’occasion de gérer des équipes dont certains membres peuvent se montrer particulièrement susceptibles. Voici quelques conseils :
1. Se montrer reconnaissant avec une personne susceptible
Une personne susceptible doit être reconnue davantage que les autres dans le travail qu’elle accomplit. Il est nécessaire de faire preuve de reconnaissance en toutes circonstances et de valoriser ses efforts.
2. L’ajustement des « remarques »
Aussi, l’un des conseils prodigués peut consister à valoriser les qualités et à définir de concert les axes d’amélioration (en outre, les défauts). L’objectif est de ne pas mettre l’accent sur les aspects négatifs, mais bien de les équilibrer avec les points positifs.
3. Le moment opportun
Les individus susceptibles ne sont pas incessamment susceptibles. Lorsqu’ils réussissent, il se peut qu’ils retrouvent confiance en eux (bien que cela soit temporaire) et deviennent réceptifs aux critiques constructives. Les managers doivent donc prendre en considération le moment opportun lorsqu’ils s’adressent à quelqu’un de susceptible.
4. Éviter le second degré avec une personne susceptible
Les personnes susceptibles sont peu enclines à comprendre votre sens de l’humour. Il est donc important d’être formel lorsque vous faites une demande concernant certains axes d’amélioration nécessaires.
5. Développer vos qualités de communicant et de diplomate
La réalisation des objectifs ne peut pas être bafouillée en raison de personnes susceptibles parmi les membres d’une équipe. Ainsi, les managers qui travaillent auprès de personnes susceptibles peuvent développer des talents considérables en termes de diplomatie et de communication orale ou écrite, etc. Cela leur permet d’obtenir ce qu’ils veulent et de maximiser l’atteinte des résultats attendus.
6. Lui demander de faire un travail sur elle
La personne susceptible (lorsqu’elle n’est pas narcissique) peut être convoquée à un entretien exceptionnel lors duquel vous pouvez lui expliquer que sa susceptibilité a des origines profondes. Sans vous mêler de considérations personnelles, un travail sur soi est nécessaire afin de gagner en compétence et accepter les remarques du manager.
7. Se montrer bienveillant avec une personne susceptible
Les personnes susceptibles sont généralement en souffrance, et sont au fait de leur défaut. Il convient donc d’être bienveillant avec elles et de leur montrer que votre objectif est de les aider et non de les rabaisser.
À terme, un climat de confiance et une relation de confiance peuvent s’instaurer. Dès lors que les personnes susceptibles appartiennent à la catégorie de celles qui sont exigeantes envers elles-mêmes (ce qu’elles sont en majorité), vous pouvez bénéficier de collaborateurs fiables et très efficaces.
Les conséquences négatives de la susceptibilité
Une susceptibilité exacerbée peut entrainer un repli sur soi et donc un refus de communication. C’est la raison pour laquelle les personnes susceptibles peuvent rencontrer des problèmes de communication.
Formuler des accusations
La susceptibilité peut avoir pour conséquence de rejeter la faute sur l’autre, ou de le condamner à des remarques acerbes afin de se protéger. En outre, un tel trait de personnalité peut avoir pour conséquence de malmener les relations interpersonnelles et donc s’avérer particulièrement problématique au sein d’une entreprise.
Les hypersensibles et la susceptibilité
Les hypersensibles sont dotés de qualités particulièrement indispensables comme la créativité et la proactivité, mais peuvent éprouver des difficultés à exprimer ce qu’ils ressentent de la bonne manière voire à ne pas l’exprimer du tout. Cela peut donc causer des dysfonctionnements internes. Les managers doivent être particulièrement vigilants à leur égard et les encourager à prendre la parole.
Cesser d’être susceptible, est-ce possible ?
Tout d’abord, la susceptibilité est un défaut, mais il s’agit aussi d’une caractéristique clé permettant de se protéger face aux remarques parfois désobligeantes. Il est normal d’être affecté lorsque nous sommes contraints de nous améliorer tandis qu’on pensait avoir tout donné pour plaire.
Ensuite, il est possible d’être moins susceptible dès lors qu’un travail est réalisé sur les origines profondes de la susceptibilité. Il s’agit de se remettre en question afin de prendre confiance en soi, gagner en estime de soi et éventuellement tenter d’être moins narcissique (ce dernier cas de figure étant moins envisageable que les deux premiers).
Pour ce qui concerne l’hypersensibilité, vous ne pouvez pas cesser d’être hypersensible puisqu’il s’agit d’une caractéristique propre. Cependant, vous pouvez apprendre à maîtriser cette hypersensibilité par un travail auprès d’un psychothérapeute par exemple et surtout, tirer avantage de cette intelligence émotionnelle singulière.
En outre, ce ne sont pas tous les individus susceptibles qui sont capables de changer et de devenir moins susceptibles. Encore faut-il accepter que la susceptibilité soit l’un de nos défauts avant de « prendre le taureau par les cornes » et lutter contre la susceptibilité.
En conclusion sur une personne susceptible
Finalement, sachez que les remarques des autres à votre encontre ne regardent qu’eux. Vous avez le choix entre prendre ou laisser ce qu’ils vous disent. La perfection n’existe pas et choisir de cesser d’être susceptible, c’est accepter de se remettre en question et décider de laisser entrer (ou non) de la nouveauté.
Aussi, cela consiste notamment à chercher à s’améliorer et pourtant parvenir à s’accepter (cela est loin d’être paradoxal).
Une investigation intérieure est pour cela nécessaire et commettre des manquements est tout à fait normal. L’absence de susceptibilité consiste simplement à admettre que l’autre peut avoir raison, non qu’il ait effectivement raison.
L’absence de susceptibilité consiste aussi à accepter les paroles de l’autre, à accepter son ressenti, à accueillir ses propos, mais pas nécessairement à les prendre en considération.
Un excès d’attention aux propos de l’autre refléterait aussi votre manque de confiance en soi et ne pourrait que vous porter préjudice.
En fait, votre susceptibilité n’est que le reflet de votre incapacité (tout à fait normale) à plaire à tout le monde. Dès lors que vous acceptez vos imperfections et parvenez à vous aimer comme vous êtes, alors votre susceptibilité est réduite à peau de chagrin.