Comment prendre la bonne décision ?

La prise de décision tout comme prendre la bonne décision est centrale dans le métier de manager et dans l’efficacité. Chaque jour, nous devons prendre de nombreuses décisions. Souvent, si nous ne le faisons pas, les tâches s’accumulent et nous devenons débordés.

Décider, c’est s’assurer de terminer les tâches ou de commencer une nouvelle étape. C’est donc avancer sans piétiner. Pour autant, ce n’est pas toujours simple.

Il nous arrive à toutes et tous d’être indécis : devons-nous accepter cette offre d’embauche ? Recruter ce collaborateur ? Valider cette promotion ? Face à ces questions, comment prendre la bonne décision ?

Je vais tenter de vous éclairer dans cet article. Après nous être penchés sur ce que disent les neurosciences de la manière dont nous prenons une décision, nous essaierons de déterminer comment nous pouvons prendre LA bonne décision – si tant est qu’elle existe.

Gaël, du blog « Changer Aujourd’hui », nous éclaire un peu plus sur la prise de décision.

Comment prendre une bonne décision ?

 

Comment se forme une décision ?

Une décision se forme à partir de deux éléments : les « preuves » et le niveau d’attention que vous leur apportez. Ce dernier est lui-même impacté par différents facteurs comme le manque de sommeil par exemple.

 

Les preuves

Il ne suffit en effet pas que des éléments solides et objectifs (les preuves) viennent étayer les choix possibles lorsque vous devez prendre la bonne décision. Encore faut-il que vous soyez disposé à les entendre, les prendre en compte et les analyser.

C’est un peu comme si votre cerveau tenait lieu de tribunal. Au sein de celui-ci débattraient les avocats défendant chacun des choix possibles. Au-delà des preuves factuelles présentées au jury, ce sont l’intensité des plaidoiries et la capacité à captiver et conserver l’attention de ce jury qui feront la différence.

D’un point de vue neuroscientifique, différentes aires du cerveau – cortex angulaire antérieur, tronc cérébral… – s’activent pour analyser les preuves. D’où l’importance de l’état dans lequel vous vous trouvez lorsque vous prenez une décision.

 

La théorie de l’accumulation des preuves

La théorie qui emporte actuellement l’adhésion des scientifiques concernant la prise de décision porte le nom d’« » accumulation de preuves » – captées par le cerveau. C’est l’accumulation de ces indices et des preuves, éclairés, voire amplifiés par l’attention qui va être responsable de la décision. Dans un temps restreint, cette accumulation va augmenter l’activité d’une aire spécifique du cerveau. Si elle est suffisamment forte, alors la décision sera prise. De manière imagée, une fois qu’un certain seuil d’activité est dépassé, notre cerveau actionne la manette de la prise de décision.

Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu :  Classement de documents : les clés pour bien classer ses documents

Les neuroscientifiques Ian Krajbich et Antonio Rangel ont réussi à démontrer ce phénomène d’accumulation grâce à une expérience de choix subjectif. Il n’y avait dans cette expérience pas de mauvaise ni de bonne décision. Le but était d’analyser le comportement du cerveau face à un choix. Il s’avère que le sujet transforme les informations sensorielles (dans ce cas issues de la vision) en valeur subjective. Celle-ci est différente pour chacun et traduite par un certain niveau d’activité dans le cerveau. On peut alors corréler la prise de décision au dépassement d’un seuil d’activité.

 

Les facteurs clés pour prendre la bonne décision

À présent que vous savez comment l’on prend une décision, regardons les éléments clés à avoir en tête pour prendre une bonne décision.

En effet, une « preuve », aussi solide soit-elle, n’aura pas nécessairement le même poids pour deux individus devant prendre la même décision, étant donnée la dimension subjective majeure constatée dans le processus de prise de décision.

 

Le mode automatique

Notre cerveau est feignant. Il essaie d’économiser le plus possible les ressources disponibles. Il utilise pour cela une sorte de pilote automatique. Lorsqu’il fait face à une situation déjà connue, il utilise des raccourcis. Ainsi, il ne réalise pas à nouveau l’ensemble du traitement cognitif nécessaire.

On retrouve par exemple cet effet lorsque l’on prend un objet tel qu’une fourchette. Le cerveau ne l’analyse plus, c’est un outil pour manger. Il oublie par souci de facilité que l’on peut l’utiliser comme catapulte, comme arme, comme pinceau, etc. C’est d’ailleurs à cause de ces automatismes qu’il est difficile d’innover.

 

Le mode automatique dans le processus de décision

Dans le processus de décision, c’est la même chose. Pour ne pas se compliquer la tâche, le cerveau va prendre de nombreuses décisions en se basant sur ses automatismes et son expérience. Les stéréotypes en sont un bon exemple. Si une personne nous apparaît très différente de ce que nous sommes – physiquement, en termes de manière de se comporter ou de communiquer, de personnalité… notre cerveau va nous alerter et nous dire de faire attention. C’est un biais que l’on peut retrouver dans la sélection de candidats et dont il est important d’être conscient.

Bien sûr, ce mode automatique est également extrêmement utile au quotidien. Imaginez la dépense énergétique de notre cerveau, et le temps perdu, s’il devait systématiquement analyser l’intégralité de ce qu’il a devant lui avant de prendre une décision : comment se saisir de notre tasse à café, comment taper sur notre clavier d’ordinateur, comment écrire ce mail type que nous avons déjà écrit plus de 100 fois, comment formaliser un compte rendu, etc.

Comment faire pour limiter l’impact de ce mode automatique ? Lorsque vous devez prendre une décision, a fortiori importante, prenez du recul et challengez vos convictions. Jouez en quelque sorte le rôle de président du tribunal, qui essaie, derrière les envolées lyriques de chacune des parties, de jauger le fondement réel de chacun des arguments avancés.

Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu :  Comment s’organiser : 7 étapes pour atteindre facilement ses objectifs

 

Les émotions pour prendre la bonne décision

Damasio, ce nom vous dit-il quelque chose ? Ce neuro-scientifique portugais est à l’origine d’avancées significatives dans la recherche sur les émotions et la conscience. Nous le savons désormais, les émotions sont au cœur même de la prise de décision. Nous faisons un choix en nous basant sur la raison – les preuves – mais également sur les émotions. De plus, les expériences passées positives ou négatives impactent nos émotions, qui impactent à leur tour nos décisions futures.

Par exemple, depuis que je me suis fait dérober mon pc portable lors d’un rendez-vous professionnel dans un Starbucks, cette expérience négative passée me donne un sentiment désagréable. Elle influence mes choix lorsque l’on me convie dans l’un d’eux. Vous l’aurez compris, je refuse les invitations dans un Starbucks. Cependant, prolongeons le raisonnement. Imaginons que je sois contraint d’y réaliser un rendez-vous professionnel, ou que je sois même tout simplement en train d’y téléphoner à un collègue afin de préparer une réunion à venir. L’état émotionnel plutôt négatif plus ou moins inconscient dans lequel je suis va nécessairement influencer ma réflexion, et in fine mes choix.

Antonio Damasio a défini le concept de marqueurs somatiques. Ce sont les effets sur le corps – frisson, tremblement – qui entraînent le ressenti d’une émotion. J’ai peur, car je tremble. À l’inverse, mon sourire s’agrandit, et mon rythme cardiaque s’intensifie : mon cerveau traduit ces signes physiologiques par une autre émotion : la joie.

Quelle leçon tirer de cela ? Nous devons prendre conscience que notre état émotionnel influe sur nos décisions. Il est difficile, voire impossible de prendre une décision dépourvue d’émotion. Il peut être alors judicieux de prendre le temps de se mettre dans un état émotionnel adapté à la décision à prendre, voire de la reporter à un moment ultérieur.

 

Être en forme

Rappelez vous, plus haut, je vous expliquais que l’attention était importante. Peu importe le nombre et la qualité des preuves à votre disposition. Il faut un minimum de concentration pour les entendre et les prendre en compte. De plus, lorsque l’on est fatigué, on a tendance à céder plus facilement à nos automatismes. Le sommeil s’avère donc la clé avant de prendre une décision importante. En cours de journée, vous pouvez également tester les micro siestes, ou pratiquer une technique de relaxation qui vous convient pour gérer votre niveau d’énergie et vos émotions.

 

Un conseil pour prendre la bonne décision : faire une liste

Finalement, la fameuse liste des pour et des contres a au moins deux avantages.

D’une part, elle vous permet de lutter contre vos automatismes en prenant du recul pour réfléchir à la décision à prendre.

D’autre part, elle vous permet de déjouer les biais de prise de décision détaillés ci-dessus, en vous posant par exemple simplement la question « pourquoi » devant chacun des pour et des contres que vous identifiez. Pour aller plus loin, vous pouvez d’ailleurs utiliser la méthode des « 5 pourquoi ». On l’applique régulièrement à la résolution de problème. Vous demander 5 fois successives pourquoi vous placez tel élément dans la case Pour ou Contre. Cela vous permettra d’identifier les émotions, les valeurs et les croyances qui sous-tendent votre choix. Vous pourrez ainsi prendre votre décision en toute conscience !

Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu :  Courriels : 13 clés pour une bonne gestion des courriels

Cet article a été écrit par Gaël, du blog « Changer Aujourd’hui ».

3 thoughts on “Comment prendre la bonne décision ?

  • Ping : 5 clés pour prendre une bonne décision - Changer Aujourd'hui

  • C’est pour cette raison que je pense que le contexte et l’environnement sont importants et des facteurs déterminants pour prendre une décision.

    Dans certains cas le fait, c’est à dire la preuve, sera déterminante surtout dans un cadre légal.

    En revanche dans un cadre qui sort du champ légal, l’émotion sera certainement un facteur à prendre en compte. Tout dépendra du résultat que cela entrainera avec ses conséquences.

    C’est pour ça qu’il y a des cas de jurisprudence qui apparaissent car il sortent du cas général. Ce qui par la suite laisse une marge de manœuvre pour la prise de décision en fonction du contexte, de l’environnement et des acteurs avec leur rôle respectif.

    Merci pour l’article.

    Répondre
    • Merci Luc pour ces précisions pertinentes.

      Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.