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Vouloir tout contrôler : lâchez prise lorsqu’il le faut

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À moins que nous ne travaillions dans une entreprise libérée (très libérée), notre métier de manager veut que nous assumions des responsabilités et l’atteinte des objectifs. Nous ne sommes pas seuls pour mettre en place les actions. Cependant, au moment de rendre des comptes, nous devons prendre la parole et assumer. Cette pression constante nous pousse à vouloir tout contrôler. Cela nous rassure. En effet, nous pensons que cela contribue au succès de notre projet ou de notre business.

Cependant, vouloir tout contrôler est épuisant. Nous devons être sur tous les fronts et passer du temps à revoir en détail chaque action. Les journées ne durent que 24 h et nous avons aussi une vie familiale à mener. Le burn-out se rapproche et il n’est pas rare de vivre des périodes où nous voulons tout lâcher.

Il y a quelque temps, j’écrivais et publiais un article « Ne rien lâcher : tout un art ! ». En effet, il est essentiel de toujours avancer pour attendre ses objectifs. Cependant, je pourrai ajouter un point aujourd’hui : pour ne rien lâcher, il faut apprendre à lâcher prise à bon escient. Qui veut voyager loin ménage sa monture. Pour aller loin, il faut savoir lâcher prise et prendre soin de soi. Voici, selon moi, 5 points fondamentaux pour apprendre à lâcher prise.

Vouloir tout contrôler

 

1 – Ne pas oublier le 20/80

La loi de Pareto est désormais bien connue, mais il ne faut pas l’oublier. Surtout, il faut l’appliquer pour apprendre à ne plus vouloir tout contrôler. Sachant que 20 % de nos actions rapportent 80 % de nos résultats, nous en déduisons que 20 % de nos contrôles garantissent 80 % de sécurité sur notre projet. Peu d’erreurs de nos employés ont vraiment un impact sur le projet ou notre business. Alors, il est nécessaire de bien cibler nos contrôles. Pour le reste, laissons tomber.

Timothy Ferriss raconte extrêmement bien dans son livre « La semaine de 4 heures » comment en lâchant complètement prise sur son entreprise, il a fait décoller son business. Il est parti en Europe laissant ses employés gérer son entreprise. Les résultats étaient tellement bons qu’il resta plus longtemps que prévu en Europe.

En réalité, posons-nous une question : « Si je lâche tout, qu’est-ce qui va s’écrouler ? » La réponse est simple : pas grand-chose. Si certaines choses ne tournent plus en notre absence, nous connaissons nos nouvelles priorités. C’est un peu le principe de « Jetons tout sur un mur et regardons ce qui reste collé ». Lâchons tout et voyons ce qui coince. Nous aurons ainsi une belle vision de nos priorités.

 

2 – Un manager maitrise l’art de se rendre inutile

Je vais aller plus loin pour apprendre à ne plus vouloir tout contrôler et à lâcher prise. Si, lorsque nous jetons tout contre un mur et que certaines choses restent collées, finalement, nous n’avons pas terminé notre job. Le rôle d’un manager est de déléguer, d’organiser, de donner les moyens de réaliser les objectifs, mais pas de faire.

Certes, nous pouvons faire et produire concrètement, mais selon moi cela doit être fait dans un cadre managérial : si nous faisons, si nous produisons, c’est pour être avec nos équipes, pour développer la cohésion du groupe, pour être exemplaire et pour donner un coup de main dans les périodes de rush. Si nous faisons pour compenser des problèmes d’organisation, de productivité ou encore de la démotivation de certains, nous ne sommes pas pleinement efficaces.

Un bon manager doit savoir être inutile. C’est-à-dire que pendant son absence, le travail est bien fait. Cela signifie que chacun connait son rôle, ce qu’il doit faire et qu’il a les moyens d’atteindre ses objectifs. Le rôle principal d’un manager est donc de savoir lâcher prise pour s’assurer que tout fonctionne. Il faut donc maitriser l’art de savoir se rendre inutile !

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Yvon Chouinard (le fondateur de l’entreprise californienne Patagonia), dans son livre « Homme d’affaires malgré moi – confession d’un alter-entrepreneur » parle souvent de management par l’absence. En effet, quitter l’entreprise lui permettait de prendre du recul par rapport à son entreprise et ainsi de revenir avec beaucoup d’idées. De pus, il en profitait pour tester les produits que Patagonia vend. Enfin, laisser ses employés travailler sans les contrôler est une des meilleures preuves de confiance qu’il soit.

 

3 – Avoir confiance en l’autre

Finalement, comme l’exemple d’Yvon Chouinard l’illustre, lâcher et arrêter de tout vouloir contrôler, c’est montrer toute la confiance que nous avons en nos équipes. En effet, initialement, qu’est-ce qui pourrait bien pousser nos équipes à vouloir tout faire foirer et à saboter l’entreprise : rien. La plupart des personnes sont de bonne foi et cherchent à faire leur maximum. Effectivement, pendant longtemps, la théorie X, qui considère que l’être humain n’aime pas travailler, a dominé la pensée des managers. Finalement, une nouvelle théorie « Y » change les perceptions. L’homme serait en réalité fait pour naturellement travailler et donc faire des efforts physiques et mentaux. Et même si certaines personnes sont en difficulté, il faut faire attention à ne pas tomber dans le management des 3 %, c’est-à-dire de mettre des règles pour tout le monde alors que juste une infime minorité en a besoin.

 

L’importance de notre pensée

En fait, nous obtiendrons ce que nous pensons. Si nous pensons que nos employés sont des incapables, ils le deviendront surement. En effet, dans nos attitudes et dans notre manière de manager nous enverrons plus ou moins consciemment ce message. À l’inverse, si nous considérons que nos employés sont bons et compétents, notre attitude sera différente. J’expliquais dans mon article « Ne rien lâcher : tout un art ! » que notre cerveau se crée des histoires et cherche dans notre quotidien des manières de les confirmer.

Par exemple, si nous considérons les employés comme des incapables, nous regarderons leurs faits et gestes et nous utiliserons la moindre erreur pour confirmer leur incapacité. À l’inverse, si nous considérons nos employés comme des personnes impliquées et compétentes, nous regarderons l’avancement de leurs projets et de leurs succès, même si des erreurs sont commises.

Mais qu’en est-il de la réalité objective ? Elle est la même dans les deux cas : nos employés réussissent certaines choses et en ratent d’autres, tout comme nous. Le droit à l’erreur est donc essentiel. Finalement, nos employés deviennent ce que nous en pensons. Ce que nous pensons dépend de nous : si j’ai une bonne vision du monde, mes employés seront vus positivement. Si j’ai une mauvaise vision du monde, mes employés seront vus négativement.

 

Les impacts de notre pensée

Alors quels sont les impacts ? Avoir confiance dans les autres dépend de ma confiance en moi. Plus précisément, cela dépend de ma vision du monde : je peux avoir confiance dans le monde qui m’entoure si j’ai confiance en moi. Si je n’ai pas confiance en moi, je ne peux pas avoir confiance dans le monde qui m’entoure. Peu importe que le monde soit parfait ou non. Ce n’est pas parce que j’ai confiance dans le monde que tout est parfait et que toutes les personnes sont dignes de confiance. Mais l’inverse est vrai.

L’avantage d’avoir confiance en soi et dans le monde qui nous entoure, c’est que nous pourrons lâcher prise et arrêter de vouloir tout contrôler. Au pire, nos résultats seront aussi bons que si nous n’avons pas confiance en nous et dans le monde qui nous entoure. Au mieux, ce sera bien mieux et nous aurons plus de temps.

 

4 – Maitriser ses émotions

Autre point essentiel pour apprendre à ne pas vouloir tout contrôler : nos émotions. Nous venons parler de nos pensées, mais nos émotions ont aussi un impact majeur. De plus, elles surgissent spontanément et peuvent nous conduire à agir de manière inappropriée. En effet, elles peuvent nous pousser à vouloir tout contrôler de manière instinctive alors la situation ne l’oblige pas. Regardons les impacts que peut avoir chaque émotion principale :

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La peur

Nous avons peur que si nous ne contrôlons pas tout, notre business ou notre projet s’écroule. Nous nous obligeons donc à tout passer au peigne fin pour nous assurer que tout fonctionne comme sur des roulettes. En réalité, la peur est-elle fondée ? La plupart des peurs sont imaginaires, alors pourquoi, en lâchant tout, tout s’arrêterait ?

Ensuite, même si nous lâchons le contrôle, certaines erreurs risquent de survenir. C’est tout à fait normal, c’est le droit à l’erreur. D’ailleurs, c’est un excellent moyen pour former et expliquer à notre équipe ou à notre employé comment faire. D’ailleurs, le mieux serait de le laisser faire pour qu’il comprenne par lui-même et développe son esprit d’initiative et donc son autonomie. Cela lui permettra de développer ses compétences et son implication. Lâcher prise est donc essentiel dans le processus d’apprentissage de nos collaborateurs.

Enfin, à part si nous venons de lancer une activité et que les équipes ont besoin de temps pour être pleinement autonomes ou que nous ayons raté tout notre travail (ce qui me surprendrait), il y a peu de chances que tout s’écroule. Notre peur n’est donc pas justifiée et ne doit être que la projection de nos propres peurs.

 

La colère

Elle nait du manque de respect ou du fait que nos valeurs ne correspondent pas à la situation. La colère est l’énergie du changement qui nous pousse à obtenir du respect. Exemple concret et facile : 2 personnes ne sont pas d’accord et se mettent à s’insulter. Elles vont alors devenir en colère et pourraient se mettre à se battre. La colère leur a donné la force de se battre et de regagner leur fierté et d’obtenir du respect. Sauf si nous perdons…

La question est : ne cherchons-nous pas à tout contrôler par colère ? En d’autres termes, n’est-ce pas colère qui nous pousse, pour se faire respecter, à vouloir tout contrôler ? En effet, tout contrôler nous permet clairement de marquer notre position dominante et donc de nous faire respecter. Il faut donc aller chercher en nous, pour voir si nous n’avons pas un manque de respect qui nous pousserait à abuser de notre pouvoir. J’ai d’ailleurs en tête l’exemple d’un homme politique de petite taille. Certains psychologues trouvaient dans son attitude des besoins de dominances et de pouvoir. Ils expliquaient que souvent les hommes de petite taille avaient pu connaitre des manques de respect durant leur jeunesse. La quête de pouvoir leur permettait de regagner du respect… mais souvent à tomber dans l’excès d’autorité !

 

La tristesse

Lâcher prise pour arrêter de vouloir tout contrôler, c’est aussi ne plus s’accrocher. Tout comme un deuil où nous laissons partir quelqu’un, lâcher prise c’est laisser partir quelque chose pour découvrir et accepter une situation nouvelle. La question est donc : « À quoi nous accrochons-nous ? ».

Notre équipe est devenue très compétente et nous n’acceptons pas que désormais elle prenne des responsabilités ? Notre équipe est capable d’être autonome sur certains sujets et nous n’acceptons pas d’être devenus inutiles ? Il est certain que de tout contrôler, c’est laisser la situation comme elle est. Nous contrôlons tout et restons donc dans notre zone de confort. C’est donc garder la situation initiale comme elle est. Cela peut donc signifier que cette situation initiale nous convient ou, au moins, que nous souhaitons la laisser en place.

Pour en sortir, il faut accepter de « faire le deuil » de notre inutilité ou accepter que nos équipes aient moins besoin de nous. Cela peut aussi être de « faire son deuil de son perfectionnisme » ou accepter que tout ne soit pas parfait. En effet, lâcher prise c’est accepter l’erreur. D’ailleurs même en voulant tout contrôler, des erreurs surgissent aussi.

 

5 – Avoir des passions

Arrêter de vouloir tout contrôler au travail, c’est aussi prendre du recul sur son travail. Encore une fois, certaines choses peuvent être contrôlées (le 20/80). Il est bien question dans cet article de lâcher prise sur ce qui est dérisoire et qui représente 80 % de nos efforts pour seulement 20 % du résultat.

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L’importance de la famille et des amis…

Souvent, j’entends les gens qui viennent d’avoir un enfant dire que c’est ce qui compte le plus au monde. Ce que je comprends tout à fait. Je ne vois pas ce qui peut compter de plus au monde. Nous voyons que face à une erreur au travail qui aura la plupart du temps un faible impact et rattrapable et face à notre enfant, il y a bien deux poids et deux mesures. Il vaut mieux s’assurer que notre enfant va bien quitte à laisser quelques erreurs survenir au travail.

Malheureusement, certaines fois, nous pouvons tomber dans la routine et ne plus voir l’importance de notre famille et de nos amis. Nous retombons donc dans la routine qui consiste à passer énormément de temps au travail et notamment à contrôler plus qu’il ne faudrait. C’est pour cela que je souhaite parler des passions pour prendre du recul.

 

… mais aussi et surtout des passions

Nous sommes tous d’accord, la priorité c’est bien l’humain et donc notre famille et nos amis. Cependant, nous avons aussi besoin de nous occuper de nous. Ce n’est pas de l’égoïsme, c’est prendre soin de soi. Je ne pense plus aux autres, mais simplement à moi-même. ? Une passion, c’est penser à soi et s’occuper de soi. D’ailleurs, c’est surement pour cette raison que nous y accordons autant d’importance.

Le problème c’est que nous pouvons tomber dans la spirale : je contrôle tout, je n’ai plus de temps, je n’ai plus de passion, je reste focalisé sur le contrôle, etc. La spirale inverse existe : je ne veux plus tout contrôler, je relâche le contrôle, j’ai plus de temps, j’ai des passions, je prends de la hauteur car je vois ce qui se passe bien et moins bien, je ne veux plus tout contrôler, j’ai plus de temps, etc.

 

Les 4 sphères de notre vie

En effet, n’oublions pas que nous 4 sphères dans notre vie qui nous permettent d’avoir un équilibre. L’idéal est que les 4 sphères fonctionnent en même temps. Certaines fois, lorsqu’un « coup dur » arrive, les autres sphères prennent le relais, ce qui est parfait. Le risque est de n’avoir qu’une sphère active (par exemple le travail). Le jour où nous perdons notre travail, nous n’avons plus rien…

Voici les 4 sphères :

  • professionnelle : le travail, la carrière, etc.
  • familiale : nos proches comme notre conjoint, nos enfants, les parents
  • sociale : les amis, les associations auxquelles nous participons
  • personnelle (notre jardin secret) : nos passions, notre santé, nos moyens de détente, etc.

 

Pour arrêter de vouloir tout contrôler, il est essentiel de garder en tête :

  • Le 20/80
  • Un manager doit savoir se rendre inutile
  • Avoir confiance en soi pour avoir confiance en l’autre
  • Écouter et maitriser ses émotions
  • Avoir des passions pour penser aussi à soi

Certaines fois, briser le cercle qui consiste à vouloir tout contrôler peut être encore plus compliqué. Il faut alors savoir dire stop et prendre la décision de lâcher prise sans se soucier du reste. Car en réalité, qu’ai-je vraiment à perdre ?


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